mercredi, octobre 09, 2024

La bibliothèque centrale, publique et historique de Chios figure parmi les plus grandes bibliothèques du pays (elle occupe la 3e place en Grèce) ; elle comprend environ 250.000 volumes. Fondée en 1792, la Bibliothèque Koraes n’était qu’une annexe de la Grande école de Chios. Sa toute première collection consistait en des livres appartenant à Koraes et à son groupe d’amis, à savoir des intellectuels étrangers et de la diaspora grecque.
Avant les événements menant au massacre de Chios en 1822, cette bibliothèque était la plus importante dans toute la région de l’Est de l’Europe et du Moyen Orient. Après le tremblement de terre de 1881, il a été décidé de la loger au bâtiment qu’elle occupe actuellement.
Adamantios Koraes (1748-1833), le grand précepteur de la Nation grecque, était fondateur de la bibliothèque et la force motrice derrière sa création. La connaissance profonde de la langue grecque, comme la démontre son œuvre, lui a valu ce grand titre de précepteur. Koraes a fait des études en médecine en France mais n’a jamais exercé le métier de médecin. Il a été philologue de vocation et insistait sur la valeur de l’éducation du peuple, laquelle était, selon lui, la condition sine qua non de sa libération du joug ottoman.
Le père d’Adamantios Koraes était originaire de Chios mais son fils n’a jamais visité l’île. Toutefois, sa pensée était toujours centrée sur celle-ci. C’est la raison pour laquelle il signait ses écrits sous le nom de Koraes de Chios.

Entrée principale
L’entrée principale de la bibliothèque est ornée de tableaux datant du 14e au 18e siècle, à savoir des aquarelles et des gravures sur cuivre.
Une collection de coquillages de la Méditerranée, créée par John Quintana, directeur du Service télégraphique britannique de Chios (1901), captera le regard des visiteurs.
Notre librairie offre un grand choix de livres écrits par des écrivains de Chios et publiés par des maisons d’édition de l’île. Il existe aussi des livres publiés par la fondation Les amis de la Bibliothèque Koraes, ainsi qu’une grande collection de cartes postales, d’affiches et de gravures.
Des deux côtés de l’escalier qui mène à la Salle de lecture et au premier étage, le sphinx occupe une place proéminente. Le sphinx est le symbole de Chios, gravé sur d’anciennes monnaies.

Collection Philip Argenti (première porte à droite)
Outre les livres dont elle dispose, cette collection comprend des cartes, des gravures, des peintures, des tableaux, des médailles ainsi qu’un petit portrait de Philip Argenti. On y trouve également l’argenterie de son épouse, Alexandra-Helena Skylitsi.
Par ailleurs, une série de présentoirs sert à mettre en exergue les effets personnels de Konstantinos Amantos, professeur d’histoire, byzantinologue et membre de l’Académie. Enfin, cette collection se complète par les médailles et décorations de Leonis Kalvokoresis, Maire de l’île de Chios durant l’occupation (1941), dont l’activité fut très importante notamment entre 1940 et 1944.

Salle Koraes (deuxième porte à droite)
Cette collection comprend des livres appartenant aussi bien à Adamantios Koraes qu’à d’autres donateurs.

Salle de lecture :
Les bustes des principaux fondateurs et bienfaiteurs de la bibliothèque, de la collection folklorique et de la galerie, à savoir Adamantios Koraes et Philip Argenti, ornent l’entrée principale de la bibliothèque. Le buste de Koraes en marbre a été conçu et crée par Ioannis Kossos (1885) ; celui de Philip Argenti en bronze, créé en 1977, est signé par Vasso Kapantae.
Le premier drapeau grec à être hissé sur l’île en 1912, à savoir l’année de libération de Chios, fait partie de la collection de notre bibliothèque. Il est placé par dessus la porte qui mène à la Salle Theotokas. L’histoire de la création de ce drapeau est à la fois intéressante et émouvante : il a été fait par Eugenia Madia, la fille d’un médecin de l’île. Lorsque la jeune Eugenia a vu la flotte grecque se diriger vers le port de Chios, elle a commencé à chercher sans son coffre pour des bouts de tissus qu’elle a utilisés pour faire le drapeau. On remarque tout de suite que cela n’est pas un drapeau typique grec : la déviation porte aussi bien au niveau des couleurs et qu’au niveau de la forme (7 bandes au lieu de 9). Cependant, le geste patriotique de la jeune fille a beaucoup ému le Commandant de la flotte grecque qui a ainsi décidé de hisser ce drapeau au quartier général grec.
Tous les murs de la Salle de lecture sont ornés de portraits d’intellectuels et bienfaiteurs de Chios, à savoir Adamantios Koraes, George and Tarsis Dromokaetes, Leuke Kalvokerasi, Andreas Syngros, Ioannis Andreades, Christos Rodokanakis, Stamatis Proeos, Nikolaos Paspatis, Leonidas Mihalos, Dora Proeou, Georges Horemes, Alexandros Paxnos, Giorgis Mihalinos et Konstantinos Amandos. Parmi les trésors de notre collection figure la fameuse « Description de l’égypte », œuvre en 14 volumes comprenant aussi des gravures lithographiques et sur cuivre, produit par l’équipe scientifique de Napoléon et offert par celui-ci à Adamantios Koraes pour le remercier de sa contribution à la traduction de la Géographie de Strabon, l’unique traité géographique de l’époque.
La « Description de l’Égypte » de Napoléon et le bureau de Yiannis Psycharis se trouvent côte à côte. Psycharis était éminent écrivain originaire de Chios et un des fervents défenseurs du démotique (la langue du peuple mais pas la langue officielle de l’état). Son bureau, son porte-plume et sa montre nous rappellent qu’il s’agissait d’un infatigable intellectuel. Psycharis a beau voyagé dans le monde entier, il ne se sentait à l’aise que dans son pays d’origine. C’est la raison pour laquelle il a demandé de se faire enterrer près de la mer pour être à même de regarder les côtes de l’Ionie lors de son dernier voyage.
De l’autre côté du bureau de Psycharis, il y a deux présentoirs : le premier comprend des métaux et des roches typiques du Nord de l’île. Ces métaux ont été offerts par la famille Kalouta et proviennent de leurs mines. L’autre présentoir met en vigueur un astrolabe.

Salle Georgios Theotokas (juste à côté de la Salle de lecture)
Le chercheur averti y trouvera une collection impressionnante de plus de 4.000 volumes couvrant un large éventail de sujets. Il faudrait noter que la classification des livres de la collection a été faite par l’auteur lui-même. Plusieurs livres ont des dédicaces de certains intellectuels qui étaient des amis de Theotokas. Au fond de la salle à droite se trouve le bureau de l’auteur ainsi que des photos de lui et de sa femme, Coralie.
On y trouve finalement l’archive de Konstantinos Amantos ainsi qu’un document rare, à savoir le premier diplôme de Collège de Chios.

Premier étage
Au premier étage, l’entrée est ornée de tableaux historiques représentant des événements majeurs de l’histoire grecque et de l’histoire de Chios, à savoir les différents aspects de la bataille navale menée par un escadron de la flotte impériale russe sous les commandements d’Alexey Orloff contre les Turcs le 7 juillet 1770. Il s’agit d’une série de gravures faites par R. Paton auxquelles s’ajoutent des copies des œuvres de Delacroix, dont le fameux tableau intitulé « Le massacre de Chios ». Il y a encore d’autres reproductions des tableaux de Delacroix ainsi qu’une lithographie portant sa signature.
Les autres salles de la pinacothèque accueillent des portraits de membres des familles éminentes de Chios. La plupart de ces portraits sont faits par Paul Dubois, sculpteur et peintre français de grande renommée. On y trouve Leonidas Argenti, fils de Pantelis Argentis (1881) et sa femme Ioulia Ralli-Argenti (1890), leur fille Maria-Ioulia (1877) et leur fils Pantelys (1879). L’arbre généalogique de la famille Argenti est complété par deux portraits représentant Philip et Ioulia, deux des enfants de Pantelys.
Eustratios Argentis, un des amis et collaborateurs de Rhigas Feraios, Ioannis Argenti et autres membres de la famille Argenti ont été pendus ou massacrés par les Turcs durant les événements de 1822.
D’autres portraits de la famille Argenti ornent les murs de la pinacothèque, tel le portrait de Marouka, d’Andrianos et d’Ioulia. Il convient de noter que les familles Ralli-Skylitsis, Mavrokordatos et Argenti, dont les portraits se trouvent parsemés partout dans la bibliothèque, étaient des entrepreneurs réputés dans le monde entier et leurs activités s’étendaient de l’Inde jusqu’à l’Angleterre, en passant par la Turquie (Istanbul). À côté de leurs portraits, il y a des présentoirs qui mettent en évidence des médailles, des pièces de monnaie, des tablettes et autres objets de valeur, telle une croix russe offerte à Eustratios Argenti datant du 17e siècle, des miniatures et des bustes en ivoire.
Parmi les objets de grande valeur dont dispose la galerie figure le buste de Maria-Ioulia Argenti, crée en 1876 par Paul Dubois. En plein milieu de la salle, les présentoirs mettent en vedette certains objets personnels de la famille Argenti, comme l’épée du Corps diplomatique grec attribué à Philip Argenti.

Costumes :
Trois grands présentoirs gardent des mannequins en porcelaine habillés en costumes traditionnels. Ces trois mannequins ont fait l’objet d’une commande spéciale placée par Philip Argenti auprès de la maison D. Court à Londres. Une fois les mannequins en Grèce, Philip a demandé de détruire leurs moules pour en assurer l’unicité. Tout au fond de la salle, le visiteur remarquera une unique broderie provenant de Rhodes. Il s’agit d’un couvre-lit offert par Pantelys-Philip Argenti.

Collection d’objets folkloriques :
Cette collection comprend quatre catégories différentes : la broderie, les toiles tissées, les costumes traditionnels et les objets en bois sculpté. Les présentoirs des broderies datant du milieu du 19e siècle jusqu’à au début du 20e siècle, à savoir des çevres et des draps, ainsi que des costumes d’hommes et de femmes venant de Pyrgi, de Kalamoti et de Mesta. On y trouve également des petits trésors, tels des robes nuptiales originaires du village de Ai Georgis Sykousis

Ustensiles en bois sculpté :
Cette collection est faite d’outils et d’ustensiles qu’utilisaient les bergers (seaux à lait) et les agriculteurs de l’île (p. ex. les faucheuses et les fourches), ainsi que d’outils de transformation de la laine, comme les quenouilles, les broches de filature et les rouets. Les visiteurs auront l’occasion de se familiariser avec les ustensiles de cuisine traditionnels que les femmes de Chios utilisaient à la préparation du pain (p. ex. les plateaux, les cuves et bassines, les boîtes à levure et des plateaux où on laissait reposer la pâte). Enfin, il existe de nombreux ustensiles de ménage, tels les mortiers et les pilons, les assiettes et les cuillères.

Les annexes de stockage :
La bibliothèque dispose de 5 annexes de stockage remplis de livres, d’encyclopédies, de revues et de périodiques ainsi que de journaux. Le matériel est classé par catégorie d’item et est à la disposition des chercheurs, des écrivains et du public.