Les autres collections de la bibliothèque Koraes comprennent :
Les manuscrits
Les manuscrits figurent parmi les trésors de la bibliothèque centrale, publique et historique de l’île de Chios. Leur valeur se mesure aussi bien par le nombre de documents (seule la collection Kavvadas est faite de 1673 manuscrits) que par leur contenu et l’importance accordée à leurs auteurs. Les manuscrits de Koraes constituent la collection la plus précieuse de cette catégorie. Ils comprennent des traductions, commentaires et annotations, de nature linguistique, grammaticale, historique, mythologique et géographique, sur les ouvrages des auteurs anciens, sur les textes médiévaux et sur d’autres manuscrits écrits par Koraes lui-même. On y trouve également des dictionnaires, des anthologies, des notes et commentaires, une autobiographie de Koraes ainsi que des écrits de nature théologique. Enfin, il existe une riche compilation de lettres de correspondance qui appartiennent aux personnages suivants : G. Koressis, I : Phoropoulos, N : Vamvas, Kall. Kreatsoulas, Al. Vlastos, Al. Mavrokordatos, A. Mamoukas, I. Andreadis, G. Sourias, K. Kondos, I. Psycharis, K. Karatheodoris, Gr. Photeinos et autres personnes.
Il convient de noter que la collection de manuscrits comprend d’importants documents provenant du Patriarcat de Constantinople et du Patriarcat de Jérusalem, du Conseil des écoles orthodoxes de Chios, du Consulat ainsi que d’autres institutions-clé de l’île (telles le Conseil des aînés, le Comité de l’hôpital, la léproserie de Chios, la Court de première instance et le Tribunal de commerce), etc.
Les manuscrits attribués au Conseil des aînés ainsi que les codes des notaires des différents villages de Chios (la bibliothèque en possède actuellement 100 environ alors qu’il existe 1.200 codes conservés dans les archives historiques de Chios) méritent une mention particulière. Les archives historiques, qui se trouvent également dans le même bâtiment que la bibliothèque Koraes, possèdent un des codes les plus anciens : il s’agit du Code de Saint Georges de Sykousi qui couvre la période entre 1518 et 1846. Les codes des notaires comprennent des actes notariés, tels les testaments, les contrats et accords, les bilans, les actes de vente et des contrats de location, les obligations, les procurations, les reçus, les polices d’assurance, etc. Tous ces documents offrent de précieuses informations sur l’autorégulation de l’île durant l’occupation ottomane, l’histoire de l’évolution de la loi, la production agricole, la circulation de l’argent, l’art ménager, l’utilisation de la langue, le processus et les pratiques d’attribution de nom aux différents endroits, villes et villages, etc. Il s’agit d’une source historique irremplaçable pour qui s’intéresse aux questions relevant de la vie publique et privée des habitants de Chios et témoigne de la continuité de la présence grecque sur celle-ci.
Les vieilles et rares éditions
La bibliothèque Koraes avait la chance de recevoir des dons de plusieurs intellectuels ainsi que de commerçants riches originaires de Chios. Certains de ces dons sont des éditions à la fois vieilles et rares. Dans cette catégorie incombent les livres appartenant à la collection Koraes qui datent d’avant 1833, à savoir l’année de sa mort. Cette unique collection comprend, entre autres, l’histoire de la médecine, un ouvrage écrit en latin, qui fut publié en 1493, soit quelques années après l’invention de l’imprimerie. La collection d’Andreadis réunit un nombre impressionnant de livres rares portant principalement sur des auteurs anciens et byzantins. Le cas de la collection Kavvadas est fort intéressant. Outre de compiler de vieux livres, Kavvadas est allé aussi loin que d’inventer un système de catalogage pour mieux répertorier les ouvrages qu’il possédait. Selon ses répertoires, sa collection comprend 53 livres publiés d’avant 1600, 100 volumes publiés durant le 17e siècle et 367 livres publiés au cours du 18e siècle. La collection de Philip Argenti constitue une collection précieuse pour les chercheurs qui y trouveront 33 livres publiés pendant le 16e siècle, 122 livres datant du 17e siècle, 118 livres publiés au cours du 18e siècle, ainsi que 694 livres publiés durant le 19e siècle. La thématique de tous ces livres est directement ou indirectement liée avec l’île de Chios. Cela est d’autant plus vrai que ces ouvrages ont été écrits par des voyageurs qui sont venus à Chios à la découverte de ses richesses et de ses beautés. Les livres des voyageurs représentent une impressionnante collection de 205 volumes dont certains sont très rares. D’autres portent les armes héraldiques des grandes maisons d’édition de l’époque de leur publication. Argenti avait écrit à propos : « la plupart des livres appartenant à cette collection dédiée à Chios sont extrêmement rares, étaient publiés au cours du siècle de l’invention de l’imprimerie et ont été mis en circulation par les grandes maisons d’édition de l’époque. » [Notre traduction] Finalement, les couvertures de ces livres méritent d’être mentionnées car elles représentent un véritable chef d’œuvre en raison de l’opulence du matériel utilisé et du fin détail artistique. Ces manuscrits constituent une source unique de savoir pour tout chercheur et contribuent à promouvoir les lettres et les sciences. La mise en valeur de ces documents rend hommage aux personnes qui les ont collectionnés et offerts à la Bibliothèque Koraes.
Journaux, revues et périodiques
Les journaux, revues et périodiques forment également une collection intéressante. L’archive de journaux et périodiques publiés à Chios ou ailleurs par des éditeurs originaires de Chios est presque complet. Notons, pour la petite histoire, que la première maison d’imprimerie de Chios a été créée en 1819 et fonctionnait à partir du Gymnase historique de Chios. Le premier document imprimé était un journal. Plusieurs revues sont classées dans cette collection ; certaines ont paru pendant de longues années alors que d’autres n’ont pas duré dans le temps. En voici quelques-unes : Chiakon Mouseion, To Chiakon Imerologion, I Sphinx, To Nisi, I Chiaki Epitheorisi, etc. Parmi les journaux les plus importants figure le journal Amalthia (publié à Izmir et paru entre 1832 et 1922). On y trouve également les journaux Neologos tis Konstantinoupolis, Ethniki, Elpis, Panxhiaki (paru à Chios depuis 1908), Nea Chios et autres. La bibliothèque est actuellement en train de réunir tous les numéros de journaux et périodiques, étant donné que ceux-ci font partie intégrante de l’histoire contemporaine de l’île et du pays dans son ensemble.
Souvenirs, objets de famille, médailles et monnaies
Les souvenirs et objets de famille appartiennent aussi aux trésors de la Bibliothèque Koraes. Cette collection regroupe des diplômes, des médailles, des prix et autres distinctions, des objets de bureaux, des miniatures de valeur, etc. Ces objets sont éparpillés partout dans la bibliothèque et appartiennent à des familles importantes de Chios ainsi qu’à des personnalités éminentes, telles Adamantios Koraes, Leonis Kalvokoresis, Ioannis Psycharis, Konstantinos Amantos, Georgios Theotokas, la famille Argenti et autres. Cette collection regroupe de vrais chefs d’œuvre dont la valeur historique est indéniable.
On y trouve le premier drapeau grec qui a été érigé le jour de la libération de Chios le 11 novembre 1912, ainsi qu’un petit fichu du drapeau que portait le 23e régiment de Chios lors de la guerre de 1940. Les visiteurs les plus curieux découvriront le bougeoir qu’utilisait Koraes et qui lui a été offert par ses amis pour « lui tenir compagnie lors les nuits blanches dédiées à l’étude ». La collection comprend également un encrier appartenant à Georgios Theotokas, l’horloge de Psycharis, ainsi que la croix en argent d’Eustratios Argenti qui date du 17e siècle. Par ailleurs, la bibliothèque a à sa disposition les médailles d’Eustratios Argenti, un héro national et ami de Righas Velestinlis. Enfin, il y a encore des bibles en couverture d’ivoire, une série de miniatures appartenant à la famille Argenti, des monnaies sur lesquelles sont gravées les armes héraldiques des Dons vénitiens, ainsi que d’autres souvenirs de grande valeur historique.
Il ne faut pas oublier la collection de monnaies de Sp. Argyropoulos qui comprend 188 monnaies remontant à l’ancienneté et l’époque byzantine jusqu’à plus récemment. Cette collection se complète par un cachet de plomb et six médailles.
Collection de coquillages et de métaux
La collection de coquillages de la Méditerranée a été offerte à la Bibliothèque Koraes par la personne qui l’a faite, à savoir John Quintana. Quintana a servi de directeur du Bureau télégraphique britannique de Chios en 1901. Les coquillages sont placés dans une vitrine spécialement conçue à cet effet qui se trouve à l’entrée de la bibliothèque. La disposition des différents coquillages et la combinaison des couleurs et des espèces produisent un très beau résultat.
Au début du 20e siècle, G. Kaloutas a commencé à constituer une collection de métaux provenant de différents endroits de l’île. Cette collection fut, par la suite, offerte à la bibliothèque Koraes par Kaloutas lui-même. Elle est accompagnée d’un rapport détaillé sur la nature oryctologique de Chios.
Cartes historiques et topographiques
Il s’agit des cartes qui proviennent de la collection personnelle de Philip Argenti, regroupées et arrangées par catégorie de sujet. Elles décorent l’entrée de la bibliothèque, les escaliers qui mènent au premier étage et les couloirs du premier étage. Elles représentent l’histoire de Chios, tout en offrant un aperçu géographique, topographique et historique de l’île entre le 14e et le 19e siècle. Les cartes les plus vieilles sont faites à la main ou sont des toiles sur huile qui représentent la ville de Chios, le château et Kampos (la plaine de Chios). Ces cartes et peintures reprennent des scènes historiques et illustrent des personnes directement liées avec l’historie de Chios tout au long de l’occupation ottomane. On y retrouve également les armes héraldiques des familles les plus importantes de l’île. Une mention particulière doit être faite au sujet des toiles sur huile qui représentent le massacre de Chios en 1822. Il s’agit de peintures impressionnantes dont la valeur artistique est davantage mise en exergue par leur encadrement exceptionnel qui rajoute à la valeur historique et artistique de cette collection irremplaçable. C’est justement cette valeur historique qui ne doit pas échapper aux historiens, car ces cartes et peintures apportent de précieux témoignages sur les lieux d’intérêt de Chios qui n’existent plus